Se faire plaquer au travail
Je te vois venir Lecteur, tu as lu le titre et tu t'es imaginé des choses cochonnes avec un collègue de bureau... Seulement, soyons clairs, mon mantra c'est "no zob in job" et je m'y tiens ! Donc je ne vais pas te raconter des histoires de coucheries derrière la photocopieuse ou de pause café sous le bureau du chef. Pourtant, ça aurait été drôle. Plus drôle que ce que je vais te dire...
Tu te souviens, il y a peu, je te racontais ma rentrée. Car oui, moi Pasd'Bol, j'avais trouvé un CDI en deux temps trois mouvements. Las, la cloche a sonné, le cours est fini (oui, déjà). La raison ? Hum...tordue (forcément). Mon travail n'est pas en cause, je ne suis pas en cause mais mon responsable n'a pas "le feeling" et refuse de perdre son temps. Foireux, penses-tu ? C'est pas faux. Mais c'est là que j'ai réalisé un truc essentiel...Finalement, un début de collaboration professionnelle, c'est souvent comme une relation amoureuse. Il faut une étincelle, une harmonie, regarder dans la même direction, ne pas avoir peur de l'engagement...sous peine de retrouver la même lâcheté de l'autre quand ça se termine en eau de boudin.
Oui, Lecteur, on m'a signifié clairement mon départ sur l'air de "c'est pas toi c'est moi". Pour ne l'avoir jamais réellement vécu, je t'avoue que ça fait tout bizarre quand il s'agit de ton job. Et plus tu cherches à avoir une réponse claire ("qu'est-ce que j'ai fait ? Ca peut s'arranger non ? Et si je change ?") moins tu l'as ("ben non, j'ai pas le feeling, j'ai une idée précise dans la tête de ce que je veux, et toi je sais pas comment t'intégrer là-dedans, mais t'es très sympa et ça ne remet nullement en cause ton travail ou tes compétences").
Comme quand ton mec tout neuf rencontré sur AUM te plaque ton jour au lendemain, tu l'as mauvaise. Même si, dans le fond, t'y tenais pas vraiment. Vous savez, comme essayer de faire marcher une relation avec quelqu'un lorsque vous savez que ça ne sera jamais l'homme de votre vie, mais que vous en avez marre d'essuyer des échecs et que l'idée d'être à nouveau seule vous fait flipper ? Ben, là, pareil. Tu attendais juste la fin de ta période d'essai pour commencer à draguer ailleurs et trouver mieux. Malgré ça, se faire jeter au bout de 15 jours sans qu'on t'ait laissé une chance, ça fait mal à l'ego, même si tu ne le sentais pas.
Une fois le choc accusé, tu réfléchis et tu cherches les signes annonciateurs de la catastrophe. Car oui, mesdames messieurs, une rupture est rarement un coup de tonnerre dans un ciel serein. Jamais, en fait. Là, tu te dis que le fait que tu démarres en trombe avec un super plan de com fait en 2 jours (c'était urgent), des idées, des projets et qu'on ne te valide rien, ce n'était déjà pas bon signe. Qu'on ne te donne aucune directive, consigne ou tâche à accomplir (hormis le plan de com tombé dans les limbes), encore moins. Ok, vous allez me dire que j'étais responsable communication, j'aurais pu être autonome. Je suis d'accord...mais en 15 jours sans aucune explication, document, guide ? Je veux bien être être Super Communicante, mais je ne suis pas la fille naturelle de Wonder Woman et de Charles Xavier !
Comme quand ton mec cesse de répondre à tes appels, tu sais qu'un truc cloche. Par exemple, au bout de 3 jours on t'exclue des recrutements alors que tu as ton mot à dire, ce qui est inquiétant car c'est toi qui a sélectionné les CV et que les personnes pourraient très bien occuper ton poste (ce qui n'était pas le but à la base).
Il y a aussi des mecs qui ne cachent même plus le fait qu'ils vont te plaquer...en tout cas auprès de leurs potes. Etre la dernière au courant, c'est toujours plus drôle. Comment ça s'applique au bureau ? Des messes basses ? Des rires quand tu tournes le dos ? Des discussions qui s'arrêtent quand tu arrives ? Rien ne tout ça les gens ! Ce n'est pas ce que j'ai vécu (encore heureux). En revanche, quand la veille de "la grande news", tu fais une réunion générale avec tout les services pour discuter de la nouvelle organisation, que tu découvres en même temps que tout le monde que ton nom ne figure pas dans l'organigramme, que la boss de ton boss (accessoirement celle qui t'a recrutée, hein) zappe ton nom alors qu'on doit tous se présenter aux autres et qu'on annonce ton poste comme "en cours de recrutement", tu tombes un peu des nues et tu croies à une bourde monstrueuse. J'avoue, je le croyais encore jusqu'à hier 15h. Mais non, ce n'était pas une erreur.
Heureusement, tu me connais Lecteur, des galères j'en ai vu d'autres et j'ai toujours su rebondir avec optimisme. Ok, de 15h à 16h c'était pas la joie et, comme une mariée abandonnée à l'autel par un type sans intérêt, je me suis sentie nulle, bête et ratée. A 16h, je me sentais mieux et prête à bouffer la vie. C'est un mal pour un bien et, en l'occurrence, hormis la peur du lendemain, je suis assez contente de ne plus y être, je ne te raconte pas tout mais disons que j'avais de sérieux doutes (futur possible, bonheur, éthique...un pack pas glamour), bref, la fin était programmée d'un côté comme de l'autre.
Quand une relation se termine, il est important de ne pas avoir d'amertume et de ne garder que le meilleur. Et du meilleur j'en ai :
- On ne peut pas mettre mon travail en cause en 15 jours, surtout si je n'ai pu le faire !
- Mes collègues (pas tous, normal, mais une grosse partie) étaient presque plus déprimés que moi que je parte (je suis sympa, si vous saviez).
- J'ai rencontré la pro de la cuisine chinoise et la reine intergalactique du tiramisu.
- J'ai appris de nouvelles choses (si si, en 15 jours c'est possible)
- J'ai découvert que je n'aimais définitivement pas me faire exploiter.
- J'ai fait de très belles rencontres ce qui illuminait mes journées mornes.
Le reste n'est que détail pas vrai ?
De toute façon, comme on dit toujours "si ça n'a pas marché, c'est que ce n'était pas le bon" ! CQFD !